Décédé : le 21 février 2004
Cet ancien Trotskiste, fils d’officier d’aviation, passe
son enfance en Algérie. Passionné de musique, Alex commence sa carrière comme saxophoniste
dans un orchestre de jazz, aidé par un premier prix de Clarinette au
conservatoire. Il passe par la dure école des cabarets, notamment dans les
années 60, avant d’assurer la première partie du spectacle de Georges Brassens
à Bobino en 1964.
Il trouve son épanouissement dans le
« one-man-show », habillé toujours en costume blanc, citons notamment
« Mémoires d’un amnésique » (1975), « Nous on s’aime »
(1976), « La vie en V.O. », « Merci
Disco » (1979), « Les femmes et les enfants d’abord » (1983),
« Liberté Chérie » (1985), « Y a un malaise » (1981),
« Moral d’acier » (1990), « Opéra comique » (1993), qui lui
vaut le grand prix de l’humour de la Sacem.
En 1996, il écrit la pièce « Aimez-moi les uns les
autres » qui lui donne l’occasion de jouer avec son fils aîné Éric
(excellent dans « À l'heure où
les grands fauves vont boire », film de Pierre Jolivet (1992), et grand
pilier de la ligue d’improvisation).
Suivent
« Famille, je vous aime »
(1997), « Alex Métayer perd la tête » (2000), son dernier spectacle.
Sur scène, il
impressionne, par un humour lucide et corrosif, mais jamais cruel, renvoyant au
spectateur un juste miroir de nos travers (à l’image du couple
« Maurice/Nicole », par exemple). Il dépense une belle énergie, digne
d’un personnage de Tex Avery.
Ses célèbres
incisives (il aurait choqué un orthodentiste en
refusant de les « corriger »), ne trouveront que peu d’échos au
cinéma, un seul film en fait de Jean Pourtalé,
« 5% de risques » en 1979, avec Bruno Ganz.
Il est évident que son extraordinaire univers sur la scène, permettant au spectateur de visualiser toutes
les situations, n’inspirait pas les metteurs en scènes. Il est rare qu’un humoriste de cette classe
trouve des propositions, à l’image du film de François Reichenbach « La
raison du plus fou » ne rendant pas justice à l’univers d’un Raymond
Devos, qui partageait comme lui la passion pour la musique.
Il tourne cependant
deux films comme réalisateur-interprète suivant une
inspiration de la comédie italienne: portraits subtils de deux personnages
égoïstes dont les convictions volent en éclats.
« Le bonheur se
porte large » tisse l’histoire d’un couple de vacanciers et leur fille qui
vont vivre un cauchemar durant leur trajet en voiture, vivant toutes sortes
d’épreuves par un « destin » pourtant bien familier…
« Mohamed
Bertrand Duval », brosse le portait un dynamique PDG, renvoyé par la
maison mère de son entreprise, et qui, las de la monstruosité ordinaire de sa
femme et de sa fille, fuit en camping-car. Ruiné, il se réfugie dans un camp de
gitans et d’arabes, avec lesquels il se lie d'amitié. On peut trouver en ce
film une préfiguration d’ « Une époque formidable » de Gérard Jugnot (1991).
Il y traite des
sujets graves comme le racisme et la maladie. Sans cynisme, mais avec justesse, il sait s’entourer d’interprètes venant
d’horizons divers comme: Laure Duthilleul, Marie
Rivière, Didier Pain, Eva Darlan dans le « Bonheur se porte large »,
et Moussa Maaskri (qui excellera plus tard chez Karim
Dridi), Marie-Christine Adam (étonnante en assistante
sociale amoureuse du personnage d’Alex Métayer) et à nouveau Didier Pain dans
« Mohamed Bertrand Duval ».
Le relatif échec
public de ses films, a malheureusement dissuadé Alex Métayer à persister dans cette voie. Il avait pourtant
un sublîme talent d’observateur et de portraitiste.
Il nous quitte le samedi 21 février 2004 à Paris à l’âge de 73 ans.
FILMOGRAPHIE
Comme
comédien :
1979 - 5 % de risque de Jean Pourtalé
avec Bruno Ganz
Comme réalisateur,
auteur, interprète :
1985 - Le bonheur se porte large
avec Laure Duthilleul,
Marie Rivière, Guillemette Grobon, Muriel Kenn, Eva Darlan, Kathy Kriegel,
Didier Pain, Christian Bouillette, etc…
1990 - Mohamed Bertrand Duval
avec Moussa Maaskri,
Marie-Christine Adam, Didier Pain, Netty, Mohamed Mouzidi, Baptistine etc…
©
Christian Léciagueçahar pour Les Gens du Cinéma (Mise à jour du 25/02/2004)